top of page

Main-Tenir

​

Léa Charles-Ambron | Coralie Gérardin

​

« Une vidéo mettant en scène nos deux corps, sur deux surfaces,
S’apparentant à des radeaux
Se rapprochant l’un de l’autre
Chavirant, jusqu’à pouvoir exactement se toucher
Et puis même se tenir la main »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

​


 

Pour visionner la vidéo, cliquez sur les images.

MAINTENIR.gif

​

Cet extrait vidéo vise à rassembler sur un même support l'éloignement de nos corps. Nous sommes chacun confinés dans nos maisons, nos appartements, avec ou sans jardins, parfois un balcon, en solitaire ou en famille. Nous vivons une expérience de réclusion intense, un temps d'arrêt dans nos vies habituées à un système rapide et épuisant. Le fameux métro, boulot, charrette.

​

This video excerpt aims to bring together on the same medium the remoteness of our bodies. We are each confined to our houses, our apartments, with or without gardens, sometimes a balcony, alone or with our families. We are living an experience of intense seclusion, a breather in our busy, exhausting lives. The famous subway, work, rush.

​

Au fil de la vidéo, nos corps enchaînent des positions différentes qui finissent pendant un instant furtif par se retrouver dans des positions analogues. Le rythme de nos enchaînements diffèrent, l'une se meut avec des mouvements plutôt lent tandis que l'autre s'exprime avec des gestes rapides. Cette différence dans le mouvement symbolise les attitudes possibles face au confinement. Malgré la distance, sans forcément communiquer, nous partageons des doutes et des angoisses similaires que nous intériorisons tous différemment.

​

In the course of the video, our bodies take different positions, to end up for a furtive moment in similar positions. The rhythm of our sequences differs, one moves with rather slow movements while the other expresses itself with fast gestures. This difference in movement symbolizes the possible attitudes towards confinement. Despite the distance, without necessarily communicating, we share similar doubts and anxieties that we all internalize differently.

​

Par ailleurs, on peut aussi avoir la sensation que chaque maison et ses habitants en son sein forment une sorte d'entité coupée du monde. Nos corps se mouvant sur des surfaces d'une teinte proche illustrent bien cette idée. Ce format rectangulaire avec en fond une eau scintillante évoque le radeau, dérivant en mer sans savoir quand se finira sa dérive. Ce format noir qui nous contient et nous encadre est notre environnement dans lequel nous évoluons, qui nous abrite et nous contraint dans un même temps.

​

On the other hand, one can also have the feeling that each house and its inhabitants  form a kind of entity cut off from the world. Our bodies moving on surfaces of a similar hue illustrate this idea. This rectangular format with sparkling water in the background evokes the raft, drifting at sea without knowing when it will come to shore. This black format that contains and frames us is our environment in which we evolve, that shelters and constrains us at the same time.

​

Mais rester en contact, continuer autant que possible les interactions sociales dématérialisées permet d'effacer un temps soit peu ce sentiment d'isolement et de repli sur soi. Se donner la main, geste qu'il y a peu nous semblait des plus anodins est devenu impossible en ces temps de confinement. Le reproduire ici grâce au trucage d'un photomontage montre cet élan auquel beaucoup d'entre nous aspirons actuellement : les mains sont réunies. L'idée d'un espace en commun semble se profiler. Comme le dit  Thierry Paquot : « chacun habite non pas une maison, un quartier, un lieu mais une langue, c'est-à-dire une possibilité de communiquer donc d'être présent à autrui tout en faisant monde ». C'est la parole qui nous fait exister aux yeux des autres, c'est dans la communication que réside toute société. C'est dans cet exil forcé que nous comprenons où réside notre humanité. 

​

But staying in contact, continuing as much as possible with dematerialized social interactions, allows to erase for a while this feeling of isolation and withdrawal.  To hold hands, a gesture that until recently seemed to us to be most insignificant, has become impossible in this time of lockdown. Artificially staging this gesture in a photomontage shows the impulse that many of us now aspire to: the hands are joined together.

The idea of a common space seems to be taking shape. As Thierry Paquot says: "everyone lives not in a house, a neighbourhood, a place but in a language, that is to say, a possibility to communicate, to be present to others while making a world of people".

It is our words that make us exist in the eyes of others, it is in communication that every society resides. It is in this forced exile that we understand where our humanity lies. 

bottom of page