Collapsologie
Réflexions intérieures
La collapsologie à la lumière du Coronavirus
Léa Charles-Ambron
La collapsologie, théorie relativement nouvelle nous annonce un effondrement imminent de notre société. Elle nous enseigne que les causes de ce « collapse » sont multiples et même liées de façon inextricables. C'est cet enchevêtrement de facteurs que j'ai représenté par des cubes attachés les uns aux autres par des fils. Un cube se déplace, un autre sera forcément impacté en entraînant d'autres ou en provoquant la chute de certains. L'influence de ces événements gérée par des autorités ou des entités nous dépasse. Dans notre quotidien, nos habitudes et notre façon d'être ces aléas interplanétaires m'importaient peu. Mais aujourd'hui je me rends compte que ces événements peuvent bouleverser mon quotidien de façon drastique, entravant ma liberté de déplacement. Les traits que je dessine par le mouvement des cubes représentent l'impact que certaines crises peuvent avoir sur nous. Mais ils montrent aussi notre impuissance face à ces événements.
Collapsology, a relatively new theory, announces the imminent collapse of our society. It teaches us that the causes of this collapse are multiple and even inextricably linked. It is this tangle of factors that I represented by cubes tied together by threads. One cube moves, another will inevitably be impacted by dragging some or causing others to fall. The influence of these events managed by authorities or entities is beyond our control. In our daily life, our habits and our way of being, these interplanetary hazards did not matter to me. But today I realize that these events can drastically disrupt my daily life, hindering my freedom of movement. The lines I draw by the movement of the cubes represent the impact that certain crises can have on us. But they also show our powerlessness in the face of these events.
Ne pas sortir ou seulement si c'est justifié... ne pas bouger, ne rien faire se transforme en action, presque un acte militant. Ce qui crée ainsi cet étrange paradoxe, c'est l'inaction et l'attente qui amélioreront la situation. Voilà pourquoi je me suis prise en photo dans cette position : on se replie sur soi et on encaisse. La fin de la vidéo se termine par l'image des traces des pastels sur ma photo. Pour moi la crise du Coronavirus invite certes à faire une introspection sur nous et notre rapport au temps. Mais elle m'incite surtout à penser à l'après et aux conclusions que nous tirerons de ces séquelles. La pensée du collapsologue Pablo Servigne va dans ce sens. Contrairement à certains de ses confrères qui nous prédisent une fin apocalyptique de l'humanité, il nous encourage à entrevoir cet effondrement inéluctable non comme une fin en soi mais plutôt un renouveau. « Un effondrement signifie forcément une renaissance ». Plus grand est l'effondrement, plus grande sera la renaissance. La métaphore du grand arbre qui s'effondre dans la forêt pour donner vie à de nouvelles pousses m'est apparu très réconfortante parmi le flot assez mortifère (il faut l'avouer) des théories collapsologistes.
Not going out or only if justified... not moving, not doing anything turns into an act, almost a militant act. What creates this strange paradox is the inaction and waiting that will improve the situation. This is why I took a picture of myself in this position: you brace yourself and take it in. The end of the video ends with the image of pastel traces on my photo. For me, the Coronavirus crisis certainly invites me to take a look back at ourselves and our relationship with time, but above all it prompts me to think about the aftermath and the conclusions we will draw from the after-effects. The collapsologist Pablo Servigne goes in this direction. Unlike some of his collegues who predict an apocalyptic end for humanity, he encourages us to see this inevitable collapse not as an end in itself but rather as a renewal. "Collapse necessarily means rebirth." The greater the collapse, the greater the rebirth. The metaphor of the big tree collapsing in the forest to give life to new shoots seemed to me to be very comforting among the rather grim (admittedly) flow of collapse theories.
Les photos que j'ai prises du début et de la fin de ma vidéo témoignent aussi de mon ressenti d'avoir été prise dans un instantané photographique. Cette crise sanitaire a figé le temps, les gens et l'économie. Elle me paraît être un arrêt sur image d'une époque et de la façon dont nous interagissons dans un système mondialisé. Enfin si l'on sait qu'un effondrement global est prévu on ne sait qu'elle en sera la cause. Ici elle est clairement identifiée. C'est l'humain qui est l'élément déclencheur. Le monde semble tendre vers le « micro social » comme le dit Bertrand Badie. Ces micro impacts peuvent avoir des échos à l'échelle planétaire ; certaines interactions sociales (« une poignée de main à Wuhan ») ont plus d'importance que des décisions politiques. D'où mes mains qui interagissent comme des agents extérieurs sur les cubes.Resterons nous encore longtemps dans cette position recroquevillée ?
The photos I took at the beginning and the end of my video also testify to my feeling of having been snapped in a photographic shot. This health crisis has frozen time, people and the economy. It seems to me to be a snapshot of an era and the way we interact in a globalized system. Finally, if we know that a global collapse is predicted, we do not know what its cause will be. Here it is clearly identified. Humanity is the trigger. The world seems to be moving towards the "micro social" as Bertrand Badie puts it. These micro impacts can have global echoes; some social interactions ("a handshake at Wuhan") are more important than political decisions. Hence my hands interacting like outside agents on the cubes. How much longer are we going to stay in this huddled position ?
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